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Remise de la légion d'honneur à Catherine Wathelet-Bouard, présidente de l'Unapei 86
20 mars 2021
Par décret du 31 décembre 2020, Madame Wathelet, présidente de l'Unapei 86, a été nommée au grade de Chevalier dans l'ordre nationale de la Légion d'honneur.
Ci-dessous un extrait de son discours :
Chacune et chacun de vous, représentez, ici et maintenant, un morceau de la partition d’un passé fragilisé, qui s’est trouvé au bord du précipice sans y plonger il y a une douzaine d’années. De manière différenciée, parfois depuis de longues années et/ou au fil d’une évolution de fonctions, vous avez contribué à ce que l’Adapei 86 et les Papillon Blancs soient fusionnées au sein de l’Unapei 86 depuis l’été 2020 et ainsi réunis dans leurs fonctions associative et gestionnaire.
Ma gratitude et celle de l’association vont vers deux préfets successifs, MM. FRAGNAUD et TOMASINI, mais aussi le directeur de la DRASS, M. DESBORDES. Leurs coups de pouce financier ont été salvateurs et ont permis la création d’un siège et le recrutement d’un directeur général en la personne de M. TOURENNE qui, déterminé, s’est engagé sans réserve dans la structuration, la mise sur la piste d’envol et le positionnement de l’association dans sa double dimension, familiale et gestionnaire.
Depuis, l’accélération des chantiers de mise en conformité, d’acculturation aux évolutions rapides tant des règlementations que des profils des personnes accueillies, de leurs attentes, de leurs besoins bouscule tout le monde, à commencer par les professionnels.
Quant à nombre de familles, elles ont du mal à comprendre les changements qui par nécessité, en termes de survie pour l’association, se font à marche forcée. Tout-à-fait à contre-courant de ce que requiert les évolutions de l’Etat social, elles sont de moins en moins enclines à conjuguer le nous alors que les familles pionnières à l’origine des premiers pas de l’association avait parfaitement compris que seule la solidarité et la mobilisation collective du plus grand nombre d’entr’eux leur permettrait d’aboutir.
Le contexte de crise sanitaire perturbe et ralentit depuis un an les adaptations escomptées de certains établissements/services à la fois en exacerbant les postures de blocage de certains et les implications exceptionnelles de la plupart des 350 professionnels de l’association.
L’environnement externe se complexifie, le cadre règlementaire évolue plus vite que l’assimilation possible par tous des évolutions à mener en termes de transition inclusive, de transformation de l’offre d’accompagnements, d’adaptation aux demandes en milieu ordinaire ou en milieu protégé, la réforme de la tarification SERAFIN-PH dont les modalités concrètes restent encore confuses et seront déterminantes pour s’assurer de la réalité d’une offre d’accompagnement de qualité et non au rabais...
L’association devra se positionner dans les prochains mois sur un scenario transformatif souhaitable, évolutif, parmi plusieurs simulés pour que la possibilité de choix des personnes handicapées s’inscrive dans leur parcours de vie où l’autodétermination doit prendre peu à peu toute sa place grâce au développement du FALC (facile à lire et à comprendre) et du numérique qui offre de multiples possibilités d’apprentissage.
La formation des professionnels à de nouveaux métiers pour être à la hauteur des attentes et des besoins et à la compréhension d’un environnement qui bouge tant en interne qu’en externe, s’accompagne de modifications des modes d’organisation et de fonctionnement pour les rendre plus efficients au regard du but visé, à savoir la satisfaction des personnes accompagnées.
La transversalité des thématiques de réflexion et des approches concrètes, qu’il s’agisse de s’inscrire dans la transition inclusive à petit pas ou audacieusement, dans toutes les dimensions de la vie, entre habitats, école, travail, loisirs, accès aux soins, administrations sollicite toutes les attentions...
La diversité des partenariats, des conventions, que ce soit en lien direct avec l’accompagnement des personnes handicapées par le biais de la future plateforme départementale SESSAD pour les enfants et les jeunes ou au niveau de fonctions ressources via le GCSMS Confluence, regroupant les Unapei 17, 79, 85 et 86, ou encore les relations partenariales avec le CHL de Poitiers, tous ces chantiers ouverts conduisent à être réactifs et pro-actifs.
L’association exerce une mission déléguée de service public en répondant à la commande publique. L’activité encadrée dans le cadre de contrats d’objectifs et de moyens (CPOM) laisse une marge de manœuvre étroite et contrainte sur laquelle se bâtit la confiance d’acteur du secteur médico-social aujourd’hui reconnu et repéré comme porteur d’une certaine dynamique. Cela n’exclut nullement, parce que c’est l’ADN du mouvement, le devoir d’alerte en tant que de besoin.
L’affiliation au mouvement parental Unapei au niveau national mais aussi à l’échelon régional est gage d’échanges d’expériences, de regards croisés qui enrichissent les réflexions et démultiplient les possibilités d’investir les sujets sensibles où l’atteinte aux droits des personnes n’est pas très loin.
Notre démarche s’appuie notamment sur la gouvernance, les personnes handicapées accompagnées, les partenariats, les ressources humaines et l’environnement.
Le projet associatif global est en cours d’actualisation. Même s’il n’a guère pris de rides sur le fond en termes d’ambitions et d’aspirations pour les personnes accueillies, il doit définir le sens partagé de notre action avec l’ensemble des parties prenantes, adhérents, familles, amis, personnes accueillies, professionnels, partenaires.
Permettre aux personnes handicapées une vie digne dans une société que nous voulons plus accueillante et solidaire, qui leur permette d’être visibles et d’avoir une place bien à elles, est un objectif au long cours pour que de bonnes pratiques s’ancrent dans le quotidien. Mais l’inclusion ne peut en aucun cas signifier illusion et générer une fragilisation sans filet de sécurité.
C’est ce qui justifie toute la vigilance et non l’optimisme insouciant dans un environnement économique où il importe de défendre la place des plus vulnérables, de jongler entre injonctions paradoxales, règlementations prolifiques et arbitrages autant éclairés que possible sans jamais perdre de vue, la préoccupation première qui doit être nôtre, chacun de notre place, d’administrateur bénévole ou de professionnel, à savoir l’intérêt et le droit des personnes handicapées.
Cet objectif, nous le partageons et nous nous évertuons à cultiver le réflexe de la triple expertise, celle des personnes accompagnées, celle des famille/aidants/représentants légaux et celle des professionnels pour qu’ensemble, nous allions plus loin dans les possibles, dans la capacité à innover, à prendre un peu d’altitude pour bouger des lignes, oser expérimenter, lutter contre les médiocrités et renverser les préjugés et certitudes qui encagent et ferment l’horizon.
Passagers éphémères, nous le sommes tous. Humblement conscients de cela, convaincus que nous sommes entrés dans l’ère du complexe et qu’il importe d’accueillir et cultiver une pensée nouvelle, une aspiration à relier le singulier et l’universel, de relais en relais que nous appelons de nos vœux pour continuer à écrire l’histoire de l’Unapei 86,
Ainsi, au-delà de ce tour d’horizon rapide de ce vers quoi évolue l’Unapei 86 évolue aujourd’hui, fruits de la conjugaison plurielle d’efforts, d’énergies, c’est avec vous, parents, administrateurs, amis que je me réjouis de partager la reconnaissance de la Légion d’honneur qui m’est remise aujourd’hui.
Même si comme chacun, je suis souvent impatiente et irritée de constater les imperfections, les faiblesses récurrentes de certains fonctionnements ici ou là, il me semble tellement souhaitable de privilégier un regard empreint de gratitude dans ce contexte Covid où le virus tend à occuper tous les esprits et à éclipser le fait d’être pleinement vivants et en capacité de se projeter de manière enthousiaste, même dans l’adversité.
Cet honneur qui m’est fait est aussi la reconnaissance de tout le travail accompli par toutes celles et ceux qui oeuvrent au fil des jours au sein de l’association. Nous avons le devoir de le reconnaitre et le droit de le savourer un peu sans baisser la garde pour autant.
La période Covid 19 est difficile et douloureuse. Elle génère des incompréhensions, des situations de souffrance du fait des mesures qui nous sont imposées selon les vagues de contamination par l’ARS en termes d’éloignements temporaires de résidents de leurs proches. L’attention est portée sur cela pour rassurer et impulser de nouveaux élans solidaires tant auprès des personnes accueillies que de leurs proches. Pour ce faire, nous avons besoin de pouvoir élargir l’espace de nos vies pour inventer et colorer le futur.
Enfin, je voudrais terminer ces propos par cette citation d’Héraclite :
« Si tu n’espères pas, tu ne trouveras pas l’inespéré »
Alors, Frédérique, François-Xavier, Elodie, Joël, Frédérique, Hervé, Geoffrey,
Messagers aujourd’hui de tous vos pairs, je tiens à vous dire et redire combien, il nous importe en tant que parents de savoir que celles et ceux que l’on aime sont heureux et le seront aussi demain, un peu plus, un peu mieux encore...
Nous l’espérons très fort…
Alors, en avant, déterminés et confiant dans l’avenir !!!
Catherine WATHELET-BOUARD
Présidente de l’Unapei 86 |